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Lettre à Marie
Tu promenais ton chien sur les allées pas très loin du canal qui sépare le lac de la Fontaine d'Ouche. Nous nous connaissions à peine. Une fête chez des amis du côté de Talant. On s'était dit quelques mots tout au plus. On s'était esclaffé d'une blague de Jean-Paul à propos de la façon de préparer des grillades. J'avais aimé te voir rire comme ça, d'un grand éclat frais et spontané, ça donnait de la lumière à ton visage. je me souviens que je m'étais dit : qu'est-ce qu'elle est jolie.
Alors quand je t'ai vue avec le chien dans les allées autour du lac Kir, avec au fond les rochers-socle du vieux Talant, j'ai repensé à ton sourire.
- Tu me reconnais ? Pedro." je t'ai dit. Tu te souvenais très bien de moi. Et on a parlé en promenant ton chien. C'est comme ça que ça a commencé.
Maintenant tu accompagnes ma vie comme j'accompagne la tienne. On a beaucoup voyagé, sur deux ou trois continents. nous n'avons pas d'enfants. Par choix. On prend la vie comme elle vient, comme un cadeau chaque matin.
Parfois nous revenons traîner nos pas sur les allées du lac Kir. Comme un retour aux sources. Comme pour mieux s'envoler vers un autre présent. Hier n'est plus. Le passé l'a déjà avalé. Demain nous ne serons peut-être plus là. Ce qui est sûr : il nous reste aujourd'hui, ça c'est certain. Alors nous prenons ces secondes qui s'offrent à nous au Lac Kir, ailleurs et partout.
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